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Les livres sont classés par ordre de "date de parution", quelque soit le moment où nous les présentons…
Le premier livre de la nouvelle maison d'édition féministe iXe
Ce consensus, ce changement, sont les deux territoires que l’œuvre de Monique Wittig, tant littéraire que théorique, arpente inlassablement tels, osons l’image, les péripatéticiens de la philosophie antique. Mais ce périple d’une utopie à l’autre rehausse son caractère imaginaire. Comme si pour elle, la vie n’avait été qu’un rêve (« La vida es sueño », selon Pedro Calderòn de la Barca) et l’histoire (qu’elle soit littéraire ou des femmes), un cercle vicié par la question du genre.
Cathy Bernheim
Lire aussi la présentation de la nouvelle maison d'édition iXe :
Monique Wittig / Marguerite
Durand
• novembre 2010
À côté du genre
Sexe et philosophie de l'égalité
GENEVIÈVE FRAISSE
Le bord de l'eau éditions, nov. 2010
Eros et libido, sexe et genre : Les mots se succèdent depuis un peu plus d’un siècle pour dire la dualité et le rapport entre
hommes et femmes. Si l'on cherche l’objet philosophique, on trouve l’expression « différence des sexes », «
Geschlechterdifferenz » sous la plume hegelienne. Quant au genre, ce mot fait le pari de brouiller les pistes des représentations contraintes qui assignent chaque sexe à sa place. Et si, toute terminologie confondue, on s’en tenait à ce que la «
différence des sexes » est une catégorie vide ?
Alors, on se situerait « à côté du genre », à côté des affaires de définition et d’identité, pour établir le repérage des
lieux où sont pensés les sexes, dans leur tension, leur décalage, leur disparité au regard du contemporain démocratique. Au fond, la démarche est inversée :
il ne s’agit pas de voir ce qu’il en est du sexe et du genre, mais de dire ce qui surgit dans la pensée quand égalité et liberté révèlent des enjeux sexués dans la politique et la création, l’économique et le corps, la pensée et l’agir.
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Se dire lesbienne
Vie de couple, sexualité et représentation de soi
NATACHA CHETCUTI
Paris, Payot, oct 2010
Ce livre à la fois novateur, riche et subtil est le pre- mier à s'attacher à l'intimité des lesbiennes en s'appuyant sur des récits de vie aussi bien hétéro- sexuels que lesbiens. Il décrit les trois parcours qui mènent à la construction de soi comme lesbienne et s'intéresse au coming out, nous apprenant notam- ment que la mise en couple est une manière privilé- giée de se dire et de se révéler socialement lesbienne. Les modalités de la rencontre et les manières d'être en couple forment donc le cœur de cet ouvrage qui tire aussi son originalité de l'analyse des « scripts sexuels » des lesbiennes et qui comporte un très utile petit glossaire du vocabulaire lesbien. Si le plaisir et le désir ne se déclinent pas de la même façon chez les lesbiennes et chez les hétérosexuelles, reste une norme commune à toutes les femmes, quelle que soit leur orientation sexuelle, et que ce livre met enfin en valeur : la place donnée à l'autre.
Préface de Michel Bozon.
• septembre 2010
Réédition
Perturbation, ma sœur
Naissance d'un mouvement de femmes 1970-1972
Cathy Bernheim
Editions Félin poche, septembre 2010, 11,50€
Paru pour la première fois en 1983 aux éditions du Seuil, Perturbation ma sœur est le récit des trois premières années du mouvement de libération des femmes vécues par l'auteure, Perturbation. De la lecture d'un article de journal "Combat pour la libération de la femme" en passant par l'Arc de Triomphe le 26 août 1970… trois années, de rencontres, de prises de conscience, de politique, d'expériences, de combats…
Réédition
L'amour presque parfait
Cathy Bernheim
Editions Félin poche, septembre 2010, 11,80€
L'amour presque parfait est la suite de Perturbation, ma sœur mais, sans plus de chronologie historique, les jalons sont ceux du cœur et des étapes la cette recherche incessante d'une identité nouvelle de femme en marche vers la liberté.
"Enfin un superbe livre sur les femmes qui préfèrent les femmes. L'amour presque parfait et un recueil de textes… parfaits. Cathy Bernheim a (dé)construit son livre comme elle regarde notre société, refusant aussi bien les artificiels cloisonnements hétérosexuels que les dogmes lesbiens. C'est intelligent, sensible, vrai."
Gai Pied hebdo
La revue
Multitudes n°42
Multitudes a souhaité s’associer à sa manière à la célébration de quarante années de mouvements des femmes. Le numéro 42 y consacre donc sa Majeure, intitulée "Gouines rouges, viragos vertes".
Les auteures ont choisi d’affirmer qu’en France le MLF est né devant l’Arc de triomphe le 26 Août 1970 avec le dépôt de la gerbe à « Plus inconnue que le soldat sa femme », avec les assemblées générales à Paris aux...... Beaux Arts, puis avec des groupes partout. Ce terme de « gouines rouges » permet de dégager les axes essentiels de la problématique féministe de ces années-là, qui a oscillé entre affirmation sexuelle et lutte de classe. Le second versant porte sur la situation du féminisme à l’heure actuelle et se caractérise par ce nouveau penchant de « viragos vertes ». Ce concept rend alors visibles les nouveaux tournants du féminisme : allant de nouvelles pratiques et groupes de luttes politiques aux nouvelles questions, économique et écologique, qui frappent le champ. Ainsi les quarante ans écoulés ont peut-être changé notre espace militant, très rouge il y a quarante ans, plus vert aujourd’hui.
• mai 2010
Merci les filles !
1970-2010
Valérie Ganne, Juliette Joste, Virginie Berthemet
Editions Hors Collection, mai 2010
Si vous croisez Superwoman dans vos librairies ces temps-ci, ne vous étonnez pas. Brandissant son symbole biologique féminin comme une raquette avec laquelle elle viendrait de renvoyer la balle du sexisme (ordinaire ou extraordinaire), elle a fière allure, sur le couverture du livre de Valérie Ganne, Juliette Joste et Virginie Berthemet : « Merci les filles ! 1970-2010 ».* Un petit livre rose et bleu tout ce qu’il y a de seyant qui prétend dévoiler « Tout ce qu’il faut savoir sur le féminisme pour être ravissante et pas idiote »… et qui le fait. Textes courts, iconographie choc, écriture claire : elles sautent de la poule à l’ânesse tout en gardant leur fil conducteur, un œil sur les avancées du féminisme, l’autre sur la condition des femmes au fil de ces 40 dernières années. Au total, 53 chapitres, 155 pages, et 70 illustrations originales pour raconter la longue marche des femmes en lutte pour leur libération, avec ses étapes marquantes, ses thèmes imposés, ses héroïnes et ses icônes de l’histoire récente ou contemporaine. « Rabat-joie, masculines, tue l’amour, les féministes ? Non, leur histoire est la nôtre », proclame la quatrième de couverture. Et dans un bel élan dont l’énergie nous emballe, les voilà qui passent en revue les batailles et les mot de désordre, les conquêtes et les défaites, sans autre a priori que l’égalité des sexes, ou genres. Leur credo : « Mieux vaut en rire que dramatiser ». Leur force : mêler la forme et le fond, l’impertinence et la réflexion, le cœur et l’esprit. Un livre comme une évidence. À lire dans tous les sens, en tous lieux (à plage, au bureau, sous la couette ou plus si affinités). À offrir à celles et ceux qui voudraient bien savoir ce qui se cache derrière les sigles (FMA, MLF, MLA, MLAC, SCUM etc.) ou les termes nébuleux (guerrillères, queers, transgenres etc.), ou bien qui affirment « Je ne suis pas féministe, mais… ». Il n’y a pas de « mais » qui tienne. Un livre à découvrir.… Trois points, c’est tout.
Cathy.
• avril 2010
réédition
Les femmes et leur histoire
Geneviève Fraisse
Folio Histoire n° 90 - réédition
Les femmes et leur histoire, car écrire l'histoire des femmes ne peut se limiter au seul usage des règles et méthodes de la discipline historique. L'histoire des
femmes dépasse l'opposition commune entre le réel et sa représentation, et la quête de la place du sujet dans cette opposition : elle renvoie, en effet, fondamentalement à la différence des
sexes, à la manière dont les philosophes ont pensé cette différence, aux modalités grâce auxquelles législateurs et acteurs de l'histoire ont bâti avec cette différence l'ordre politique.
Écrire l'histoire des femmes oblige donc à lier ensemble, dans la construction de l'objet historique, les systèmes de la philosophie - de Rousseau à Derrida - et les données empiriques de
l'histoire - des initiatives révolutionnaires à l'inscription de la parité dans la Constitution. Des figures singulières du combat féministe - telles Madame de Staël, George Sand, Louise Michel,
Clémence Royer ou Madeleine Vernet - côtoient donc dans cet ouvrage l'analyse serrée de grands discours ou textes fondateurs de l'exclusion comme de l'inclusion des femmes. Parce que, nous montre
Geneviève Fraisse, la question des femmes fut de réintroduire dans l'histoire, c'est-à-dire de prendre part à l'énigme du devenir plutôt que de continuer à être représentées comme des énigmes de
la nature.
Geneviève Fraisse est philosophe et historienne, directrice de recherche au CNRS. Elle est l’auteure de nombreux livres sur l'histoire de l'égalité des sexes.
Elle a été déléguée interministérielle et députée au Parlement européen.
Également, de Geneviève Fraisse, en réédition, août 2009
Service ou servitude
Essai sur les femmes toutes mains
Editions Le Bord de l'eau (réédition 20 août 2009)
Notre siècle propose un nouveau paradigme du service, modèle social qui mêle emploi et solidarité. Il y eut jadis la domesticité d'apparat, puis la bonne de la bourgeoisie, et l'employée de maison de l'après-guerre. Désormais, la prise en charge de la vieillesse (mais pas seulement), et la volonté de trouver de nouveaux gisements d'emploi entraînent l'organisation du " service à la personne ". Que penser de cette mutation ? Deux directions s'offrent à nous, celle du rapport entre service et démocratie, et celle du lien entre corps et propriété de soi. La question posée au XXe siècle par le service domestique fut celle de la difficulté à penser ensemble une situation faite de hiérarchie et de dépendance avec le support politique d'une société nouvelle, conjonction du principe de l'égalité de tous et de l'autonomie de la personne. Comment penser l'égalité et la dissymétrie, l'autonomie et le lien ? Comment définir un métier fait de confusion des rapports humains et de tâches sans limites précises ? Tel est, trente ans après, l'intérêt de republier Femmes toutes mains, de manière à rendre au mot de " service " toute son opacité, à réfléchir à nouveau à ce terme simple, cru, et sérieusement équivoque.
• avril 2010
Prochoix
n°50-51
Mouvement de libération des femmes
Contraception, quel bilan ? (Catherine El Mghazli)
Itinéraire d'une militante : Planning familial
Mouvement de libération des femmes (Simone Iff)
La lutte contre les violences faites aux femmes (Hélène de Rugy )
Debout ! (Hélène Fleckinger, Nadja Ringart, Ioana Wieder )
Les conseilleurs ne sont pas les payeurs... (Nadja Ringart)
Lettre d'Allemagne (Barbara Köster)
Féminisme iranien. Luttes universelles (Chahla Chafiq)
Presses en mouvement (Michèle Larrouy)
Françoise Pasquier... (Liliane Kandel )
Les féministes contre l'extrême droite (Caroline Fourest )
Enquêtes et décryptage
Mais qui donc a inventé le "truc de l'antisémitisme" ? (Rudy Reichstadt)
L'abbé de Nantes entre séparatisme et intégrisme (Fiammetta Venner )
Un provie chez les fous (Nathalie Szuchendler)
Les soutiens du nouvel archevêque de Belgique (Manuel Abramowicz)
Al Azhar v/s Taha Hussein (Darina Al Joundi)
Mariage : le sens change, le mot ne meurt pas (Guy Nagel)
• le 4 mars 2010
MARTINE STORTI
JE SUIS UNE FEMME,
POURQUOI PAS VOUS ?
1974-1979 : QUAND JE RACONTAIS LE MOUVEMENT DES FEMMES DANS LIBÉRATION…
Ed Michel de Maule
Sortie le 4 mars 2010
DANS LE CADRE DES 40 ANS DU MLF, DONT LA CELEBRATION DURERA TOUTE L’ANNEE
Le 31 mars, Martine Storti présentera son livre à la librairie
Violette and Co, 102 rue de Charonne, Paris 11ème tél 01 43 72 16 07
http://www.violetteandco.com/librairie/
Le 26 août 1970 quelques femmes s'en allèrent déposer , à l'Arc de Triomphe, une gerbe "A la femme inconnue du soldat inconnu". Cette manifestation iconoclaste signait la première apparition, du moins aux yeux des medias de l'époque, d'un women's lib français, c'est-à-dire d'un Mouvement de Libération des Femmes, c'est-à-dire du MLF. En 2010 seront donc célébrés les "40 ans du mouvement de libération des femmes". Cet "anniversaire", qui se déroulera tout au long de l'année, sera l'occasion de nombreuses initiatives (colloques, expositions, débats, manifestations, sites internet, livres, films...) qui porteront sur la décennie soixante-dix, décennie de naissance, puis du développement du mouvement des femmes.
Dans ces années, Martine Storti était journaliste à Libération, exactement de l'automne 1974 à l'automne 1979. Quasi quotidiennement, elle a suivi le développement du mouvement, des idées, des revendications féministes, leur diffusion progressive dans la société française, les partis politiques, les syndicats, les institutions publiques et privées, les familles, les individus...
Jour après jour, semaine après semaine, elle a relayé ce qui se déployait sur la scène française (et souvent aussi dans d'autres pays), les femmes devenant en effet actrices de leur propre histoire dans un mouvement qui peu à peu concernait la presque totalité du monde.
Ces articles des années 70 écrits dans Libération ne sont pas seulement des archives. Ils racontent une histoire d'émancipation et de libération, ils disent les manifestations, les luttes, les grèves, les victoires et les défaites... Ils disent les combats pour la liberté de l'avortement, ou contre le viol et les violences faites aux femmes, ou pour l'égalité dans le travail... Ils disent les débats, les polémiques, les résistances, les injures et les ripostes... Ils disent des livres, des films, des chansons de femmes qui affirmaient aussi leurs capacités créatrices... Ils disent des fêtes, ils disent de l'humour, dans ces slogans inoubliables du "mouvement" : "Je suis une femme, pourquoi pas vous" ou encore " Un homme sur deux est une femme"...Ils disent d'où viennent les jeunes femmes d'aujourd'hui, c'est-à-dire des folles années de leurs mères et de leurs grands-mères...Ils disent aussi une autre époque, tant ces années soixante-dix semblent, à leur relecture, à la fois proches et lointaines.
Principales thématiques traitées :
• La manière dont les féministes se battent, l'originalité, l'insolence de leurs textes, tracts, manifestations, fêtes...
(et donc la mise en cause théorique et pratique des manières traditionnelles de la gauche et de l'extrême gauche)
• L'hostilité, à tout le moins les réserves des partis traditionnels (y compris extrême gauche) à cette manière de
faire de la politique
• Quelle sexualité?
• Quelle maternité?
• Quels rapports entre les hommes et les femmes au sein de la société?
• Les différents groupes et tendances au sein du mouvement des femmes (féministes révolutionnaires, psyképo, tendance lutte des classes, les rapports de ces groupes entre eux, rapports souvent conflictuels)
• L'avortement : l'action du Mlac avant la loi Veil de 1974, les débats autour de la loi, son vote, la manière dont
les femmes s'en emparent, la mise en oeuvre dans les hôpitaux, les refus de certains personnels...
• Le viol : les féministes décident de se mobiliser pour que le viol soit reconnu comme crime et que les violeurs passent aux Assises. Procès, collectif des avocates, manifeste contre le viol, journée contre le viol à la Mutualité, manifestations diverses...Cette affaire suscite un grand débat au sein de l'extrême gauche, les féministes ne sont elles pas du côté de la justice bourgeoise et de la répression? Au sein de Libération, équipe et journal, le débat fait rage (multiplications des polémiques, tribunes, interviews...).
(Liée à cette thématique, celle plus large des violences subies par les femmes)
• La lutte des prostituées
• Les questions relatives à l'école et plus largement à l'éducation (mises en cause des modèles féminins et masculins)
• Le développement d'une expression et d'une "culture" féministes : revues, journaux, livres, films, théâtre, chansons, danse, peinture etc. Débats autour de "l'écriture femme" (qu'est que c'est? Y a-t-il ou non une spécificité?..)
• Comment le féminisme chemine dans la société tout entière:
- Création en 1974 par VGE d'un secrétariat à la condition féminine (Françoise Giroud, considérée comme une femme de gauche occupe ce poste au sein d'un gouvernement de droite). Son programme, ses actions, comment les féministes la perçoivent, la traitent...1975 décrétée par l'ONU "année internationale de la femme".
- Dans la gauche socialiste (création du courant femmes, le courant G, au sein du PS)
- Dans la gauche communiste
- A l'extrême gauche (les tendances lutte de classes, les "dissidentes")
- Dans tous les partis politiques, y compris à droite, création de groupes femmes, de comités, colloques, débats, les femmes des partis ruent dans les brancards
- Comment le "mouvement" réagit à ça, sa critique de la récupération et du réformiste en même temps qu'il est lui-même réformiste même s'il ne se définit pas et ne se vit pas comme tel
- Le développement des luttes des femmes au sein des syndicats (CGT et CFDT) et dans les entreprises (grève d'ouvrières, d'employées...)
• Les enjeux internationaux
Le féminisme se développe dans tous les pays occidentaux et même plus largement
- Reportages sur ce qui se passe notamment en Italie, en Allemagne, en Espagne, en Angleterre, aux Etats Unis ...
- Lien aussi avec les enjeux politiques (en particulier autour du thème de la violence politique, par exemple en Italie avec l'enlèvement d'Aldo Moro et l'action des Brigades rouges, en Allemagne autour de la bande à Baader) Plus largement les féministes et le rapport à la lutte armée (exemple les débats autour de la lutte contre le Chili de Pinochet)
- La solidarité avec les prisonnières et prisonniers dans l'Espagne franquiste
- Les libanaises dans la guerre
- Les femmes palestiniennes
- Les Africaines contre les mutilations sexuelles
- Le soutien aux femmes iraniennes en lutte contre le tchador...
L’AUTEUR
Martine Storti a été notamment professeur de philosophie puis journaliste à Libération. Elle est aujourd’hui Inspectrice générale de l’Éducation Nationale.
Elle a déjà publié : Un chagrin politique (Ed. L’Harmattan, 1995), Cahiers du Kosovo (Ed. Textuel, 2001), 32 jours de mai (Ed. Le Bord de l’eau, 2006) et L’Arrivée de mon père en France (Ed. Michel de Maule, 2008), récemment traduit en italien.
(site personnel : http://www.martine-storti.fr/)
• février 2010
Nouvelle Encyclopédie politique et historique des femmes
Sous la direction de Christine Fauré
Les Belles Lettres
Comment les femmes ont-elles perdu en France le pouvoir de gouverner ? Pourquoi Calvin s’est-il excusé auprès de la reine d’Angleterre Élisabeth Ire lorsqu’elle accéda au trône ? Comment les femmes ont-elles participé collectivement aux Révolutions anglaises du XVIIe siècle, américaine, française, liégeoise et brabançonne, néerlandaises du XVIIIe siècle ? Quelles ont été les formes de résistance des femmes esclaves dans la traite négrière ? Comment les utopistes et les marxistes ont-ils conçu l’émancipation des femmes ? Quand le féminisme est-il né ? Comment a-t-il évolué ? Quand et comment les femmes ont-elles obtenu le droit de vote dans les États européens, en Amérique du Nord, en Amérique latine ? Savez-vous que des femmes s’enrôlèrent dans le nazisme, le fascisme italien, la collaboration française, le franquisme, le salazarisme portugais ? Quelle fut l’action souvent méconnue des résistantes à ces régimes totalitaires ? La Commune de Paris de 1871, les Révolutions russes de 1905 et 1917, la Révolution allemande de 1918 ont-elles marqué des avancées sociales et politiques pour les femmes ? Quelles ont été la liberté et l’égalité pour les femmes dans les pays du communisme réel ? Qui étaient Clara Zetkin, Rosa Luxemburg et Alexandra Kollontaï ? Qu’est-ce que les deux guerres Guerres mondiales ont changé pour les femmes ? Quelle est l’étendue du succès politique des femmes dans les pays nordiques ? Pourquoi l’avortement est-il interdit en Pologne, membre de l’Union européenne ? Comment des femmes ont-elles combattu les dictatures militaires d’Amérique latine ? Comment les mouvements de libération des femmes des années 1970 ont-ils traversé l’Atlantique ? Comment les organisations internationales ont-elles construit, idéalement, l’égalité entre femmes et hommes ?
• janvvier 2010
La frondeuse
Marguerite Durand, patrone de presse et féministe
Élizabeth Coquart
Payot, janvier 2010
Comment être libre et indépendante à une époque où le carcan des traditions enrégimentait toute vie en société ? Tel fut le défi de Marguerite Durand (1864-1936), figure de proue du féminisme, dont la biographie est aussi l’histoire de la Troisième République. Jeune actrice adulée à la Comédie-Française puis journaliste, égérie du boulangisme puis ardente dreyfusarde, elle devint la première patronne de presse de France en fondant en décembre 1897 La Fronde, journal entièrement écrit et fabriqué par des femmes. Souvent attaqué par ses confrères, le journal n’en joua pas moins un rôle majeur dans les grandes campagnes qui firent changer les lois en faveur des femmes.
Marguerite Durand créa aussi la bibliothèque féministe qui porte son nom, située aujourd’hui dans le XIIIe arrondissement de Paris. C’est là que sont conservés ses carnets intimes, qui n’avaient jamais été étudiés et sur lesquels Élizabeth Coquart base son récit. Ils constituent le fil conducteur de cette première grande biographie consacrée à cette femme au destin exceptionnel, qui disait : "Savoir que les idées les plus violentes peuvent se faire entendre avec des mots courtois." Tout un programme. La bibliothèque Marguerite Durand possède aussi un riche fond d'archives du féminisme des siècles passés, dont bon nombre concernent le mouvement des années 1970.
• le 2 décembre 2009
Mouvement de Libération des Femmes : textes premiers
Ces textes ont été réunis et présentés par Cathy Bernheim, Liliane Kandel, Françoise Picq et Nadja Ringart.
Éditions Stock, décembre 2009.
Voici donc des textes “premiers”. Ou plus exactement, quelques textes et documents parmi les premiers qui ont pu être lus en France, dans les années 1970, à proposde la libération des femmes.
Premiers, comme on a cru pouvoir dire des arts : ceux qui vinrent à l’aube. Porteurs de questions inédites pour donner à voir cette histoire émergente, une histoire qui se fait dans ses premiers moments, dans ses premiers débats.
Premiers, au sens où il y a des nombres premiers, qui ne peuvent être divisés que par un ou par eux-mêmes.
Premiers, comme le sont les êtres qui naissent, premiers à eux-mêmes, uniques. Chaque texte unique avance alors sur son chemin unique mais sur le même terrain, où il croise d’autres chemins, crée d’autres voies avec eux, formant réseau, se déployant comme le font des troupes pour faire mouvement.
Courrier d'une lectrice à propos du livre
Écrite en 2010, cette lettre nous a (curieusement) parue directement branchée sur le type d'émotions qu'on éprouvait à l'époque, dans les années 70, au sortir d'une réunion, d'une action, d'une fête ou simplement, d'une rencontre. C'est pourquoi nous la reproduisons, hors tout contexte. Signé : les Re-Belles
Un mot tardif pour vous remercier de m'avoir envoyé l'épatant "MLF//textes premiers", que je n'avais pas eu le temps de regarder à la fin de l'année, agitée par mille préoccupations heureusement fort banales.
J'ai beaucoup parcouru le volume quant à le lire in extenso, cela me paraît à peine possible, presque absurde. Ce serait à peu près comme rentrer dans une de ces pièces enfumées (enfin je suppose, j'ai moi même oublié ce qu'était une pièce enfumée, en dépit de mes efforts de persévérance personnelle), pleines de bruit et de fureur, de corps et de visages, de rires, de cris, d'agitation, et d'essayer d'embrasser en un seul moment tout ce qui se trame, se dit et se vit. Expérience vertigineuse et intenable. Pourtant le chaos est dense, nourri, pensé, il construit et il avance -- c'est phénoménal. L'effet est physique, captivant, et aussi d'une incroyable étrangeté. Je ne me l'explique toujours pas: pourquoi tout semble si "différent", jusqu'au sens des mots, à l'articulation des phrases? Comme si nos cerveaux, notre langue, notre façon d'appréhender le réel et la pensée n'étaient plus les mêmes. A cause de tout l'acquis, justement, qui rend cette formidable énergie obsolète? Ou des oublis, des reculs, des tabous? Ou d'une perte généralisée de dynamique intellectuelle et activiste? Je ne sais pas, mais l'effet est curieux, entre cette étrangeté troublante, voire gênante, comme s'il y avait là-dedans un débordement presque... obscène à mes yeux de petite-bourgeoise-bobo etc, et la fascination envieuse pour cet inlassable mouvement des neurones et des corps, des concepts et des affects. (…) Juliette Joste
• novembre 2009
WASSYLA TAMZALI
Une femme en colère
Lettre d'Alger aux Européens désabusés
Gallimard, novembre 2009
Wassyla Tamzali, féministe algérienne
interpelle les intellectuels occidentaux qui se sont battus pour l'universalité des droits de la personne humaine et se montrent aujourd'hui incapables de penser cette universalité au-delà de
l'Europe. Eux qui ont défendu les principes démocratiques fondamentaux dans leurs pays, eux qui ont milité pour la décolonisation auraient-ils oublié leurs combats ?
Ce livre met en lumière le renoncement de la pensée européenne devant la montée en puissance des groupes communautaires. En prenant pour indices la condition des femmes, la liberté de conscience
ou la diversité culturelle, l'auteur passe au crible les idées de tolérance, de « laïcité ouverte », d'«Islam modéré », de "droit à la culture »>, et leurs conséquences politiques dans les
pays arabes et musulmans.
Wassyla Tamzali a publié en 2007, aux Editions Gallimard, Une éducation algérienne. Elle a été avocate à Alger, puis directrice des droits des femmes à l'Unesco, à Paris, Aujourd'hui, elle
partage son temps entre l'écriture et les actions militantes au sein du mouvement féministe maghrébin et pour un dialogue entre les peuples de la
Méditerranée
• novembre 2009
EVELYNE LE GARREC
Séverine (1855-1929)
Vie et combats d’une frondeuse
Caroline Rémy dite Séverine (1855-1929) est née à Paris. Après un mariage forcé à 17 ans dont elle se libéra, elle devint la première femme journaliste de renom et grand reporter. Elle fut la collaboratrice et l’amie de Jules Vallès dont elle permit la relance de son journal Le cri du peuple, elle rêva avec lui d’une Ligue des droits de l’enfant. Féministe visionnaire, elle réclama pour les femmes le droit d’étudier, de divorcer et d’avorter car "l’avortement est une fatalité pas un crime". Vêtue en ouvrière ou en mineur de fond, elle s’engage "avec les pauvres toujours". Sa signature apparaît dans tous les journaux de l’époque. Elle participa en 1897 à l’aventure de La Fronde, premier journal entièrement féminin fondé par Marguerite Durand. Elle prôna l’abolition de la peine de mort, libertaire, antimilitariste, elle suivra l’affaire Dreyfus. Elle fut pionnière de l’antiracisme, dénonça dès 1925 les troupes fanatisées du fascisme et prit parti en faveur de Sacco et Vanzetti en 1927. L’auteure retrace la vie de
cette femme exceptionnelle en complétant son hommage par un choix de 19 articles de Séverine publiés entre 1886 et 1903. L’ouvrage est illustré par des lavis de Colette Deblé, Isabelle Rome en a rédigé la préface et Bernard Noël,la postface.
Séverine est publié à L’Archipel.
• novembre 2009
écrits d’une insoumise
Textes réunis et présentés par Normand Baillargeon et Chantal Santerre
Éditions LUX
« Il m’a souvent été demandé, par des femmes avec des maîtres décents qui n’avaient aucune idée des atrocités subies par leurs sœurs moins fortunées : « Pourquoi les épouses ne partent-elles pas ? » Pourquoi ne courrez-vous pas lorsque vos pieds sont enchaînés ? Pourquoi ne criez-vous pas quand vous êtes bâillonnées ? pourquoi ne levez-vous pas les mains au-dessus de la tête quand elles sont clouées de chaque côté de votre corps ? Pourquoi ne dépensez-vous pas des milliers de dollars quand vous n’avez pas un sou en poche ? Pourquoi n’allez-vous pas au bord de la mer ou à la montagne, pauvres folles brûlant dans la chaleur des villes ? S’il y a quelque chose qui m’irrite plus que n’importe quelle autre dans ce satané tissu de fausse société, c’est cette incroyable stupidité avec laquelle le frai flegme de la bêtise insondable demande : « Pourquoi les femmes ne partent-elles pas ? »
La pensée de Voltairine de Cleyre se caractérise par un profond antisectarisme. On retrouve, dans ce recueil, les deux thèmes centraux de son œuvre : l’abolition du capitalisme et la « question de la femme ». Loin d’être subsidiaire pour un projet de transformation radicale de la société, la question féministe est pour Voltairine de Cleyre au centre de la politique. Modifier en profondeur les relations hiérarchiques et autoritaires qui articulent notre société implique une réorganisation du rapport entre sphère publique et sphère privée, rapport au centre duquel se trouvent sexisme et patriarcat. Les positions de Voltairine de Cleyre, bien en avance sur leurs temps, anticipent le slogan des féministes du siècle suivant : « Le personnel est politique ». Le même rejet de l’essentialisme est à l’oeuvre lorsqu’elle aborde la question de la violence, engendrée bien plus par l’ordre social injuste (cautionné par l’Église et le gouvernement) que par les rébellions. Ses remarques sur le rôle joué par l‘institution pénale dans l’élargissement de la fracture sociale, l’engendrement et la pérennisation de la violence sont d’une retentissante actualité. De même pour celles concernant la légitimation, au sein même de la Constitution américaine, d’une certaine démarche de désobéissance civile, lorsque l’État se fait totalitaire.
Emma Goldman tenait Voltairine de Cleyre (1866–1912) pour « la femme anarchiste la plus douée et la plus brillante que l’Amérique ait jamais produit », et ce jugement avancé il y a près d’un siècle n’a toujours pas été infirmé.
Activiste, pionnière du féminisme américain, poétesse, musicienne, celle qui se définissait comme une « anarchiste sans qualificatif » propose une réflexion originale qui touche à un très large éventail de sujets – notamment l’économie, la libre pensée, la philosophie, la religion, la criminologie, la littérature et l’action directe non violente. L’oeuvre d’envergure de cette militante passionnée, expose les raisons de sa révolte, témoigne de son espérance d’un monde meilleur et demeure, aujourd’hui encore, d’une brûlante actualité.
Cet ouvrage, réalisé sous la direction de Normand Baillargeon et de Chantal Santerre, est le premier titre en français de Voltairine de Cleyre. Il réunit 16 essais majeurs qui couvrent l’ensemble de son parcours ainsi que 14 poèmes. Ces textes sont précédés d’une introduction substantielle et sont suivis d’une chronologie et d’une riche bibliographie.
• septembre 2009
Mouvements de presse
Michèle Laroche et Michèle Larrouy
édité par les ARCL
Sur la presse féministe et lesbienne des années 1970 à nos jours.
Ce livre propose de vous faire découvrir la richesse de la presse lesbienne et féministe francophone parue des années 1970 à nos jours. Au premier regard, une diversité graphique, une richesse inventive des couvertures, une diversité des formats : revues, magazines, bulletins ou bulletines, menstruelles, feuilles d’infos, fanzines... Des journaux se revendiquant du Mouvement de libération des femmes aux journaux des divers courants des mouvements féminste et/ou lesbien ; des journaux d’informations culturelles aux feuilles de liaisons entre groupes lesbiens... La lecture des éditoriaux témoigne de la formidable diversité politique de tous ces courants. Ces journaux, ces revues, qui foisonnent dès 1974, sont, en effet, pratiquement tous élaborés dans la non-mixité et sortis des presses d’imprimeries souvent associatives et militantes, certaines même tenues par des imprimeuses. Ils ont permis la cirulation de pensées contradictoires ou croisées, lesbiennes, féministes, politiques "classiques", comme des entités entièrement élaborées.
Où trouver le livre :
PARIS
Librairie la brèche, Librairie flamarion, Librairie Les Mots à la Bouche, Librairie Violet and Co
Sur commande : http://www.violetteandco.com/librairie/
ARCL C/O Maison des femmes de Paris
163 rue de Charenton 75012 Paris
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LYON
Librairie Terre des livres, Librairie la Gryffe
TOULOUSE
Librairie Ombres blanches
BORDEAUX à La maison des femmes
GRENOBLE à l’association Les voix d’elles
LILLE avec l’association Les flamands Roses
MONTREUIL maison des femmes de montreuil avec un DEBAT le 13 Mars
RENNES avec les FEE femmes entre elles
STRASBOURG à l’association la Lune
• le 5 février 2009
femmes / artistes, artistes femmes
Paris, de 1880 à nos jours
Catherine Gonnard / Élisabeth Lebovici, Éditions Hazan, 2007.
Ce livre que nous lisons de la fin au début et dans tous les sens depuis que nous l'avons découvert est devenu pour nous, blogueuses et féministes, l'un
des ouvrages indispensables qui accompagnent la lecture historique de l'émancipation des femmes mais aussi celle de la pensée de la modernité, indissociablement liées. Une histoire (de l'art)
dont les femmes ont modifié les codes en "devenant artistes"....« Mai 68 est arrivé, et j'ai réalisé que la peinture était finie, qu'il fallait travailler avec le quotidien, avec ce qui se
passe, qu'il fallait en passer par l'intime. À ce moment là, l'intime était très mal vu ou plutôt, pas vu du tout » dit Annette Messager, interviewée pour le livre.
Anne Querrien qui l'a lu à parution, nous en donne, à notre demande, une lecture dont la clarté et la
lucidité permettra à toutes d'avancer, nous l'espérons, sur le fil étroit qui sépare l'art de la vie : les sépare pour mieux les réunir.
Ce livre présente des femmes-sujets, peignant, sculptant ou œuvrant dans l'art d'autres manières, alors qu'elles sont
souvent les objets du travail de l'artiste, y compris féminin. On n'y trouve pas d'essence féminine, constituée par le regard d'un sexe sur l'autre ou sur lui-même. Mais on s'étonne à la lecture,
à la profusion des biographies et des citations, de la diversité des manières dont les femmes se sont formées comme peintres, sculpteurs, artistes, et imposées comme des professionnelles
reconnues, d'abord à part puis au sein du milieu masculin. Le livre suit l'évolution chronologique mais insiste sur la singularité de chacune, sur sa manière propre de composer formes et
matières, et de faire irruption dans son paysage artistique contemporain. Il n'y a pas de filiation des femmes artistes entre elles, de constitution d'un art féminin qui redoublerait en mineur la
généalogie artistique masculine. Lorsque les femmes utilisent les travaux d'aiguille, la couture, le collage, et autres travaux manuels, c'est pour interpeller, comme d'autres, l'art
dominant de leur temps, et non pour sophistiquer les pratiques supposées de leur sexe. Ces pratiques sont des ressources, non des assignations.
Des femmes venues apprendre le métier d'artiste à Paris (fin du XIX siècle)
Ces femmes artistes ne sont pas toutes françaises d'origine : pour la
plupart, elles sont passées par Paris pour étudier, et y sont restées. Elles sont venues de province et surtout de l'étranger apprendre à Paris les gestes et les relations nécessaires à une
carrière artistique, à la fabrication d'un art libéré des contingences de leurs origines. (A partir des années 1950 cette ambition d'une expression artistique autonome sera détrônée par la
production d'un art à la fois beaucoup plus international dans son marché, et beaucoup plus local dans son recrutement, voué seulement à l'expression de la subjectivité individuelle sans
recherche de formes à valeur universelle. L'enjeu d'une formation cosmopolite en diminue d'autant.)
Au début de la période étudiée, au XIX siècle, les femmes sont mises à
l'écart des hommes dans des écoles séparées. L'exposition universelle de Chicago en 1893, avec son pavillon de la femme, est la première à se préoccuper de la production artistique des femmes, à
les présenter comme des personnes qui travaillent, et pas comme des objets de contemplation. On ne peut pas en dire autant de l'exposition des arts de la femme qui a eu lieu à Paris en 1892, et
qui cantonnait la femme dans la décoration, qu'elle en soit sujet ou objet.
Le souci public de la femme, et pour les femmes « le souci de soi », marque le début d'une nouvelle ère pour les femmes dans l'art. Dès cette époque, et malgré le sexisme ambiant, des
femmes vivent de leur peinture, chacune avec son style, avec ses objets de prédilection, avec ses formats, avec ses tours de main. Les auteures du livre mettent l'accent sur la formation, les
académies, et accumulent les preuves que les plus célèbres d'entre elles, reconnues par le monde artistique dominant, sont les représentantes d'un milieu, d'une pratique collective, au sein de
laquelle chacune produit à sa manière particulière.
L'exposition au regard des hommes
(entre deux guerres)
Dans la deuxième génération de ces femmes artistes, celle de l'entre-deux-guerres, le regard des femmes sur elles-mêmes change, elles se préoccupent du regard de l'autre, de celui du maître dans
les cas extrêmes. Elles se rapprochent des hommes dans leur expression, se mettent à nu, s'observent, se comparent, se différencient. Il ne s'agit plus d'une affirmation autonome au moyen des
instruments de l'art, mais d'une inscription dans le milieu de l'art, d'une affirmation en relation avec les autres artistes, notamment hommes. Couture, danse, création de formes nouvelles sont
alors présentées par les femmes comme des figures avancées de l'art universel. Mais la promotion d'une « femme nouvelle » par la presse et l'ensemble des médias brise le miroir réflexif
que constituait l'art pour les femmes qui en font profession. Leur production n'a plus vocation à les représenter, mais doit entrer en dialogue critique avec la société, et y conquérir des places
qui n'ont plus vocation universelle, mais sont au contraire définies et limitées, et doivent se confronter à la représentation dominante de la féminité. Alors que la période est à l'encensement
tout à la fois de l'art et de la féminité, elle est difficile pour les femmes artistes, voire dévalorisante. Faut-il alors produire à deux, avec un homme, ou de façon anonyme dans les œuvres
collectives ?
Comme le veut cette époque, les femmes se tournent vers l'abstraction, ou vers les nouvelles technologies de la photographies. Elles sont toujours de fidèles utilisatrices des outils artistiques
du moment, voire, pour certaines, inventeuses de nouveaux instruments. Et elles sont toujours aussi différentes dans leurs expressions.
Des femmes semblables aux
hommes (après le seconde guerre mondiale)
A partir de la Libération, la troisième génération se heurte à des obstacles nouveaux. Le regard public, et avec lui la commande institutionnelle, semblent se détourner d'elles. C'est du même
coup la possibilité de l'autonomie financière qui disparaît, même si certains collectionneurs privés leur font place. Le travail doit alors se cantonner à l'intime. Fini les grandes fresques qui
avaient égayé le court moment d'espoir de la fin des années 1930. La commande publique avait tari dès l'Occupation, tandis que les expositions se multipliaient pour qui voulait bien se soumettre
aux exigences de la Société des femmes peintres. Celles qui n'avaient cure de peindre l'harmonie sociale sont passées à la Libération. Mais le mal est fait, la commande restera longtemps
"française", "équilibrée", hostile à la création.
Dans ce
contexte la nouvelle génération de femmes artistes ne s'affirme plus comme femmes, mais en couple avec des hommes, et comme êtres humains, égales mais semblables, désingularisées. Beaucoup s'engagent
dans une abstraction mesurée, pensée, quadrillée, livrée à l'affect de la maîtrise autant qu'à celui de la peinture ou de l'art. Les femmes artistes tracent ou forment des concepts, elles donnent
à penser aux visiteurs, elles cherchent. Certains collectionneurs investissent dans le jeu surréaliste sur les figures féminines. Des galeries d'art contemporain, tenues par des femmes, les
soutiennent. L'innovation dans l'art est alors féminine ; elles accompagnent les inventeurs quel que soit leur sexe. Face à l'envahissement de la vie quotidienne des femmes par les arts
ménagers, les femmes artistes veulent faire le vide, s'abstraire, se confronter à l'espace, à la lumière, à la couleur, comme des entités pures. Elles veulent donner à voir, à toucher le
sensible. Elles sont de nouveau nombreuses à venir des États-Unis, d'Amérique latine ou d'Europe de l'Est trouver à Paris les outils d'une expression moderne. Quelques-unes sont préoccupées par
la violence coloniale et donnent à voir des corps déchiquetés.
L'affirmation du caractère
politique de l'intime
Mai 1968 voit apparaître une quatrième génération d'artistes. Les revendications des femmes deviennent culturelles, les dépassent pour englober la civilisation. La valeur de l'intime se renverse
devenant intensification du social jusqu'à sa pointe individuelle, la pointe où homme et femme passent de l'un à l'autre, où l'artiste se transforme en personnage de fiction
La différence comme valeur de marché
Et puis le pouvoir culturel s'installe et bride la cinquième génération. Il met tout sur le même plan, transforme tout en objets échangeables sur le marché. C'est le triomphe du pop art, sans la grâce américaine, de la figuration libre, de la déconstruction. Les femmes sont presque absentes de cette autocongratulation. Rares sont celles qui arrivent à affirmer publiquement leur pensée critique. De très forts modèles individuels de femmes s'affirment alors, comme chez les hommes ; on magnifie aussi dans des expositions les carrières de femmes déjà mortes depuis longtemps, ou déjà âgées, prises sur toute la planète. La femme prend alors corps comme une identité biologique, dans une mise en spectacle d'inspiration presque exclusivement masculine. L'histoire de ce siècle d'émancipation se referme sur une assignation à la différence vraisemblablement peu créative. Dans le monde global les femmes sont présentes, certes, mais avec quelle problématique? Les femmes ne se disent plus femmes. Les mouvements de femmes artistes n'ont plus de visibilité, ne produisent plus de communauté. Alors qu'à l'étranger la politique féministe est critique et ouverte, que le genre est mis en variation continue, en France le "bon sens républicain" bride l'expression des différences, homogénéise les représentations. L'art se déplace alors dans de nouvelles formes d'intervention temporaire : performance, festival, cinéma. Mais l'expression d'une sexualité non consensuelle est parfois traduite en justice. Les appartenances multiples des artistes sont requises de se fondre dans l'identité française pour recevoir droit de séjour.
La persistance du voyage vers le devenir-femme de l'art
Pourtant l'affirmation des singularités, l'expression d'inquiétantes étrangetés, relancent la présence de l'art aujourd'hui. Des femmes continuent d'œuvrer dans le monde de l'art, et d'y accentuer chacune sa faille particulière. Chacune voyage, y compris sur place, et produit ses images, ses cartographies, trace l'espace psychique qui la relie au monde environnant. Leurs sœurs des années 1900 convergeaient vers Paris, comme foyer de la création du moment. Elles n'ont plus de centre, mais continuent d'œuvrer en parallèle au devenir-femme de l'art. Celui-ci est apparu en plein jour dans les années 1970 avec le mouvement de libération des femmes. Mais les institutions publiques et marchandes se sont employées à le contenir. La chute du mur de Berlin, la recomposition des appartenances, ouvre de nouveaux possibles. L'art féministe poursuit son avènement ; quel que soit le support, il rompt avec le mouvement dominant vers l'autonomie formelle. Il constitue désormais un enjeu.
Ce mouvement des femmes artistes ou des artistes femmes s'incarne dans des centaines d'artistes femmes recensées par les auteurs. Cette note aurait pu se résumer à la longue suite des noms d'artistes évoquées ou présentées de façon plus détaillée. Le livre déroule un savoir encyclopédique sur la théorie des femmes artistes qui se sont mises en mouvement depuis la fin du XIX siècle. Les informations biographiques sont données sobrement, mais permettent de situer la problématique de chacune, notamment sa sortie du milieu qui lui a donné naissance. De nombreuses reproductions, y compris en couleurs, permettent de visualiser les différentes formes de travail, de concrétiser l'appréciation donnée.
Malgré les 484 pages on a envie d'en savoir plus, de suivre telle ou telle artiste dans les livres indiqués en bibliographie, de réfléchir davantage au sens de ce mouvement des femmes artistes à Paris. Un mouvement objectif comme celui d'une vague, et composé par l'agencement de centaines de subjectivités déroulant chacune sa propre histoire. Le monde de ces femmes est dissensuel, le décrire souligne les fractures qui sont aussi perceptibles dans le monde de tous.
Anne Querrien
FRANÇOISE FLAMANT, À tire d’elles. Itinéraires de féministes radicales des années 70. Presses Universitaires de Rennes.
Sociologue et économiste, militante du MLF, co-fondatrice de Musidora et animatrice de la journée « Grève des femmes » en 1974, Françoise Flamant présente le parcours d’une génération de femmes féministes dans les années 1970 – parcours qui est également le sien. Nées dans les années 1940, ces femmes françaises, américaines, anglaises, danoises, italiennes ont beaucoup voyagé en Europe occidentale et en Amérique du Nord et se qualifient de féministes « radicales ». (Anne-Claire Rebreyend, in Genre & Histoire, revue de l’association Mnémosyne).
http://genrehistoire.revues.org/index569.html
« A tire d’elles » raconte la vie de onze femmes qui furent interpellées, bouleversées, changées par l’irruption du nouveau féminisme des années 1970-1980 et qui s’y investirent. Une véritable révolution des mœurs et des cultures, portée par une intense circulation des idées et des personnes, était à l’œuvre. Elles choisirent leur vie avec jubilation et lucidité, animées par un fort sentiment de sororité, au-delà des divergences et des conflits.
Le monde s’ouvrait et tout devenait possible : parcourir des territoires inconnus, vivre sa sexualité, expérimenter des métiers d’hommes, franchir des frontières. Ce livre parle de ce temps- là et présente une polyphonie de voix, des variations multiples sur le thème de l’accomplissement personnel et du bonheur d’être libre.
• le 31 décembre 2008
Le 46e numéro de Prochoix vient de paraître.
Au programme entre autres :
Un dossier sur le MLF.
Un entretien inédit de Monique Wittig sur la fondation du MLF.
Un point juridique sur l'affaire Vanneste et l'homophobie.
Un soutien inconditionnel au microcrédit.
Un reportage sur la proposition 8 en Californie .... (voir le sommaire ci dessous)
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Au numéro 13 euros (Port 3 euros France / 5 euros Europe / 7 euros hors Europe)
Sommaire : ProChoix° 46, décembre 2008.
MLF : le mythe des origines
Fin
septembre, les rédactions reçoivent un communiqué des Editions des Femmes leur annonçant l'anniversaire du MLF deux ans en avance... A l'en croire, le mouvement de Libération des femmes aurait
été fondé en 1968 par Antoinette Fouque (la propriétaire de cette maison d'édition). Les féministes ayant participé à ce mouvement, divers et dont le premier acte public remonte en réalité à
1970, hésitent entre franche rigolade et consternation : "Encore!"
Antoinette Fouque — qui porte une vision tout à fait particulière du féminisme (mot qu'elle a longtemps méprisé) — a déjà tenté de s'approprier l'image de ce mouvement. En 1979, elle déposait le sigle du MLF à l'INPI (Institut national de la propriété industrielle) malgré les protestations d'autres courants féministes. A l'époque, ils avaient dénonçé l"'imposture" et les méthodes sectaires de l'organisation à l'origine de cette OPA. Le communiqué de 2008 les oblige à reprendre du service. ProChoix leur a demandé de réagir, de se souvenir et de nous transmettre.
Un dossier géré par Cathy Bernheim, Cassandre, Sophie
Chauveau, Catherine Deudon, Marie-Jo Dhavernas, Françoise Picq, Nadja Ringart
• 2008 : l'inquiétante familiarité (Collectif)
• MLF : 1970, année zéro (Françoise Picq)
• Le féminisme pour les nuls (Caroline Fourest)
• Antoinette Fouque a un petit côté sectaire (Michelle Perrot)
• Cette boutique n'a rien d'obscur (Anne)
• L'héritage féministe détourné (Des femmes du MLF non déposé ni co-fondé)
• Généalogie
• La règle du jeu (Cathy)
• La naissance d'une secte (Nadja Ringart)
• Fragments d'un discours amoureux
• 1979 : l'Odysée de la marque (Cassandre)
• Les nouveaux compagnons de route (Marie-Jo Dhavernas)
• Un messianisme génésique (Liliane Kandel)
• La géni(t)alité des femmes
• 8 mars : visite au mausolée du MLF (Annette Lévy-Willard)
• Monique Wittig raconte...
Enquêtes et décryptages
• Au delà de l'homophobie : la pyramide des valeurs (Katia Guillermet, Guy Nagel)
• Les Eglises à l'assaut de l'Union européenne (Véronique de Keyser)
• SOS Education au secours de Darcos (Nathalie Szuchendler)
• Californie : la proposition 8 (Clémence Ozel)
Cartes Blanches
• En finir avec Guantanamo (Caroline Fourest)
• Faut-il attendre un krach identitaire ?
• Mon microcrédit ne connaît pas la crise
• Allez donc mourir ailleurs
• La démocratie des cerveaux disponibles
On a vu on a lu on en parle
ON A LU :
L'arrivée de mon père en France (Martine Storti) - Les nations désunies. Comment l'ONU enterre les droits de l'homme (Malka Marcovich) - Femmes invisibles,
leurs mots contre la violence (Smaïn Laacher) Chroniques par Claudie Lesselier
• le 26 décembre 2008
L'arrivée de mon père en France
Martine Storti
Editions Michel de Maule, 2008.
« Quelque chose m’entraîne, me mène là où je ne savais pas que
j’irais », constate Martine Storti à la page 122 de son récit.
Lucide, quoiqu’un peu déroutée, elle récapitule. « J’étais dans ce projet, en lien avec l’enjeu de
l’émigration-immigration tel qu’il se manifeste en ce début de troisième millénaire, me rappeler que mon père avait été un émigré-immigré, essayer d’imaginer, puisque je l’ignore, comment il
avait quitté son pays et comment il était arrivé en France. Sans doute aussi dire à sa place, lui donner les mots qu’il n’a pas eus, ou dont il n’a pas voulu, pour approcher la suite, qui se
déroule bien après la guerre, et peut-être est-ce aussi la raison de ce travail, essayer de cerner ce qui reste pour moi énigmatique. J’étais dans les temps actuels, les temps de l’Europe
une nouvelle fois aveugle à elle-même et à ce qu’elle fait, et dans un même mouvement, dans une affaire personnelle, une sorte de règlement de comptes, l’expression me convient, des comptes à
régler, pour être quitte, surtout pour quitter cette affaire dans laquelle je dois encore séjourner, être quitte d’elle et la quitter. »
Elle résume ainsi son propos, dans la langue retenue, maintenue et raisonnable de quelqu’un qui aime, depuis longtemps, les beaux textes. Elle le fait aussi avec cette écriture précise, incisive
et combative qu’on lui a connue en lisant ses articles dans Libération ou ses précédents livres.
Mais bien sûr, pour prendre son essor, un texte doit échapper aux intentions de son auteur. C’est ce qui se produit, dans un enchaînement qui nous entraîne alors jusqu'à la fin du livre et nous permet d'apprécier la qualité de cette voix singulière. Fille de la Raison et du 20° siècle, Martine Storti est aussi fille de Mai 68 et du mouvement des femmes. Elle parvient donc à décrire dans un même élan l’Histoire avec sa grande hache, avec son cours incessant qui entraîne les plus démunis dans sa tourmente, et la vie d’une petite fille observatrice et fine qui deviendra une femme en mouvement.
Elle brosse le portrait d’un père ouvrier qui n’a jamais rien dit de ce qu’il pensait, mais dont l’existence, a posteriori, se révèle porteuse de sens pour ceux qui lui survivent. D’une mère de famille d’une autre époque qui raconte sa vie en termes simples mais infiniment justes. D’une grand-mère à l’ancienne et à l’italienne, avec raviolis fait mains pour toute la famille. D’une tante frimeuse qu’on croirait sortie d’un film façon « Mon Oncle »… Ou encore d’un homme venu d’Afrique ou d’ailleurs, échouant épuisé sur une plage italienne après un long périple en mer. D’ombres errant autour de Calais en attendant quelque chose qui ne vient pas : le respect de l’État qu’ils traversent.
•
Le livre de Catherine Deudon
Un mouvement à soi
Images du mouvement des femmes 1970 - 2001
Éditions Syllepses 2003
"Depuis 30 ans, Catherine Deudon a suivi, l’appareil photo à la main, les mouvements de femmes en France . Elle en a saisi les moments collectifs. Elle a aussi capturé les portraits de ses figures