le 8 mars, c'est tout l'année !
La question posée par le journal l'Humanité :
Quelles mesures pour les femmes contre l’austérité ?
Débats - le 8 Mars 2013
l'Humanité des débats Journée du 8 mars
C’est au féminin qu’il faut décliner le chômage, les emplois précaires, le temps partiel subi…
Par Martine Storti, présidente de 40 ans de mouvement, et Cathy Bernheim, coresponsable du blog Re-Belles (1).
Merci à l’Humanité de nous offrir cette tribune. D’emblée, au-delà de la ministre des Droits des femmes, nous souhaitons nous adresser à l’ensemble du gouvernement qui mène telle ou telle politique. De plus, s’agissant du sujet traité, il conviendrait d’interpeller premier ministre et président de la République, histoire de les impliquer dans le “concret”, pour reprendre l‘adjectif utilisé.
Austérité. La question posée implique qu’il faut être contre par principe. À voir. Ainsi, d’austérité ne faudrait-il pas davantage, par exemple à l’égard des ex-présidents de la République - et l’un d’entre eux est ex depuis des décennies - qui ont de droit salaire, voiture, chauffeur, secrétaires, logement, voyages… aux frais de la si bonne fille qu’est la République.
Nous pourrions multiplier les exemples à tous les étages de ladite République. Des centaines d’exemples acceptés par la droite comme par la gauche, toutes tendances confondues, socialiste, radicale, communiste, Ècologiste… Donc l’austérité, dans certains lieux - à statut public ou à statut privé -, serait plutôt bienvenue.
Nous voilà avec l’une des questions collatérales : celle du partage des efforts, pour le dire autrement, celle des inégalités. Car même en période de crise, ou de rigueur, ou d’austérité, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne : il y a ceux et celles pour qui rien ne change, ou presque, et ceux et celles qui portent la plus grosse part du fardeau. Tel est le constat : le fardeau est inégalement réparti et les femmes en portent la plus grosse part. C’est au féminin - et c’est répété depuis pas mal d’années - qu’il faut décliner le chômage, les emplois précaires, le temps partiel subi, la pauvreté, l’enfermement dans les emplois dits féminins, les bas salaires, les faibles retraites, le plafond de verre, l’insuffisance de la protection sociale, la monoparentalité…
Sans oublier la tâche aveugle de toute la maintenance que les femmes effectuent sans partage par devoir ou amour, ou les deux à la fois tant parfois ils se confondent. Oui, on peut sans cesse brosser le tableau qui se noircit de lui-même. Mais après, quoi ?
Suffit-il de dire yaka, faut que ? Yaka augmenter les salaires, recruter des fonctionnaires, abaisser l’âge de la retraite, accroître le montant des pensions, ne pas couper dans les dépenses publiques, maintenir la protection sociale, yaka pénaliser les entreprises qui obligent au temps partiel, sanctionner financièrement celles qui ne respectent pas les lois, ou encore ne pas se soumettre aux marchés financiers, en finir avec les diktats de Merkel, tacler l’Union europèenne…
Eh bien non, ça ne suffit pas, dès lors qu’il n’est pas indiqué comment s’y prendre. Or le “comment faire” n’est pas aisé à trouver. Bizarre qu’après les yaka, il ne soit pas appelé à la grève générale illimitée, jusqu’ à ce que le capitalisme rende l’âme (au cas où il en aurait une); ou à la grève générale des femmes, jusqu’à ce que le patriarcat, le fratriarcat, la domination masculine (au choix) soient à terre !
Nous en sommes conscientes : nous ne savons pas répondre à la question posée. Cependant savoir qu’on ne sait pas, n’est-ce pas préférable à croire qu’on sait (cf. Socrate versus Platon) parce que ça oblige à commencer à réfléchir ?
Pour nous qui sommes des féministes de gauche, trois pistes : ne pas réduire le féminisme à un syndicalisme, à un cahier de revendications sans cesse repris, puisque c’est l’ordre social tout entier qui est construit sur les inégalités femmes-hommes. Faire advenir une Europe des peuples et une Europe politique est une absolue nécessité : irresponsable, en effet, de faire croire qu’un pays européen - et donc les femmes et les hommes qui l’habitent - pourrait exister aujourd’hui, seul et souverain, sur la scène internationale. Accepter le développement du monde, que la gauche a toujours voulu. Certes la “crise” et les politiques dites de rigueur renvoient aux dérives et exactions du néolibéralisme. Mais pas seulement. À l’évidence, la vieille Europe et même la nouvelle Amérique n’ont plus le reste du monde à leurs bottes. On ne doit pas le regretter.
(1) http://re-belles.over-blog.com/
Martine Storti Cathy Bernheim
•
Le 25 octobre : nous avons dépassé les 45.000 signatures au moment de la remise de pétition à la ministre Najat Vallaud-Belkacem hier soir (photo ©Patrice Pierrot ci-dessus).
Pendant la rencontre, la ministre a pris un premier engagement : l'organisation d'États généraux sur le viol. Cependant, elle ne nous a pas donné de détails sur les mesures législatives et les moyens financiers que le gouvernement va allouer à la lutte contre les violences faites aux femmes. Elle nous a simplement renvoyées à un comité interministériel qui aura lieu fin novembre.
Nous avons donc décidé de maintenir la pression, tant que le Président Hollande et son gouvernement n'auront pas présenté de mesures concrètes, budgétisées et un calendrier précis de mise en oeuvre. C'est pourquoi nous vous appelons à continuer de signer et diffuser la pétition et à vous mobiliser avec nous le 25 novembre prochain, journée mondiale contre les violences faites aux femmes.
L'association 40 ans de mouvement
à signé
• Le 12 octobre 2012
Après le verdict de Créteil, nous exigeons une réponse politique !
Pour signer : www.change.org/contreleviol
Lettre ouverte à François Hollande, Président de la République
Monsieur le Président de la République,
Le verdict du procès du Tribunal de Créteil a créé, en France, une incompréhension. Ce verdict est catastrophique : Il semble dire aux victimes, porter plainte ne sert à rien, et aux violeurs, vous ne serez pas condamnés ou si peu !
Les medias continuent à tenir des propos inadmissibles en parlant de « tournantes », de « viols en réunion », au lieu de dire « viols collectifs » qui sont des crimes.
La France a soutenu la création par les Nations unies d’une journée internationale des droits des filles : c’était le 11 octobre ! Cette journée est proclamée par l’ONU parce que des millions de jeunes filles dans le monde sont victimes d’abus, de mariages forcés, de mutilations sexuelles. Le verdict du tribunal de Créteil arrive au moment même de cette journée mondiale et exige une réponse politique !
Ce procès n’est pas un fait isolé. Ce n’est pas un fait divers. Le viol est un crime. 75.000 femmes sont violées chaque année dans notre pays. 10% d’entre elles portent plainte et seuls 2% des violeurs sont condamnés. Cette situation traduit la tolérance de notre société vis-à-vis des violences faites aux femmes. Le viol est une domination des hommes sur les corps des femmes. Il est une des expressions les plus violentes des inégalités entre les femmes et les hommes qui persistent dans notre société.
Nous refusons que cette situation perdure. Nous refusons que les victimes de viol soient stigmatisées, culpabilisées, considérées comme folles. Nous refusons que leur parole soit ainsi décrédibilisée. Nous refusons que la honte pèse sur les femmes violées plutôt que sur les violeurs. Nous refusons que les violeurs ne soient pas jugés. Nous refusons que des violeurs, quand ils sont jugés, soient condamnés à des peines dérisoires.
Monsieur le Président, vous avez déclaré lors de la campagne présidentielle que « les violences sexistes doivent être fermement combattues ». L’inaction des pouvoirs publics a trop coûté aux femmes victimes de violences. Nous exigeons de votre part un engagement sans faille.
Un grand débat public autour sur les violences faites aux femmes doit être lancé dans les mois qui viennent et déboucher sur des politiques publiques à la hauteur du défi : éradiquer les violences faites aux femmes : – Les lois en vigueur doivent être appliquées et complétées de nouvelles dispositions législatives, comme l’extension de l’ordonnance de protection aux victimes de viol ; – Les professionnels doivent être formés ; – Les plaignantes doivent être soutenues, hébergées, protégées, entendues ; – Les associations doivent avoir les moyens de remplir leurs missions ; – Les campagnes de prévention doivent être multipliées ; – Tous les jeunes en particulier au sein de l’école doivent être informés, éduqués, entendus aussi quand ils sont eux- mêmes victimes.
Monsieur le Président, nous sommes révolté-e-s. Nous ne voulons pas de grands discours. Nous attendons des actes.
A l’initiative du collectif Féministes en Mouvements, FEM.
Associations signataires :
FIT, Une femme un toit
Collectif Féministe Contre le Viol
Fédération Nationale Solidarité Femmes
Solidarité Femmes Ile de France
Elle's imaginent
Voix de femmes
Osez le féminisme !
Assemblée des Femmes
Femmes Solidaires
Ligue du Droit International des Femmes
40 ans de mouvement
Mouvement Jeunes Femmes
Mémoire Traumatique et Victimologie
Réseau féministe "Ruptures"
Coordination française pour le Lobby Européen des Femmes
SOS sexisme
Mouvement du Nid
Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir
Le Monde à travers un regard
Femmes en Résistance
Mix-cité
SOS sexisme
Commission Genre d'ATTAC
Planning Familial
Adéquations
Forum Femmes Méditerranée
Collectif 13 Droits des Femmes
Rajfire
Elu-e-s Contre les Violences Faites aux Femmes
Association Nationale des Etudes Féministes
Les Chiennes de Garde
Libres MarianneS
-
L'association 40 ans de mouvement
à signé avec des associations
membres du collectif Féministes en Mouvements, FEM.
• Le 5 octobre 2012
Pour le changement,
investissons dans l’égalité et la liberté des femmes !
Tribune parue le vendredi 5 octobre 2012 dans Médiapart
Le 24 octobre prochain se réunira le comité interministériel pour les droits des femmes, pour la première fois depuis douze ans. La réactivation de ce comité doit être saluée : elle ouvre la voie d’un traitement transversal de l’égalité femmes-hommes, par tous les ministères. Cette instance, ainsi que la concertation avec les associations, sont des signes positifs de la politique menée par le ministère des droits des femmes.
Depuis quatre mois, des chantiers ont été ouverts : citons notamment l’ouverture des négociations sur l’égalité professionnelle et salariale, la loi sur le harcèlement sexuel, le discours sur les enjeux diplomatiques des droits des femmes, l’intégration de la question de l’égalité dans la refondation de l’école, l’inscription dans la Loi de financement de la sécurité sociale du remboursement à 100% de l’IVG… Cela montre bien l’importance d’un ministère des droits des femmes pour la mise en œuvre de l’égalité.
Mais les angles morts sont criants. Si les droits des femmes ont progressé depuis les premières luttes des années 1970, leur effectivité constitue le défi majeur de la période actuelle. Un gouvernement de gauche se doit d’assurer cette effectivité des droits, pour toutes et sur tout le territoire.
Que signifie en effet avoir le droit à l’avortement, si les centres IVG, dont plus d’une centaine a été fermée depuis dix ans, ne peuvent accueillir les femmes qui les sollicitent ?
Que signifie avoir le droit à se former et à travailler, si les places en crèches restent si insuffisantes et certains emplois féminisés si précaires, et qu’ainsi de nombreuses femmes, surtout les moins qualifiées, redeviennent « femmes au foyer » ?
A quoi servent des lois contre les violences faites aux femmes ou des campagnes de sensibilisation, si les femmes ne trouvent pas de lieux d’écoute ou d’accueil leur permettant de sortir de la violence et si le nombre de places d’hébergement dédiées pour leur mise en sécurité reste en dessous de tous les standards européens ?
Réouverture des centres IVG, création de places en crèche et ouverture de places pour la mise en sécurité des femmes victimes de violences : voici trois investissements indispensables pour la liberté des femmes et l’effectivité concrète de leurs droits.
Sans ces investissements, la liberté de travailler et d’être autonome, le droit à l’intégrité physique et psychologique, le droit à disposer de son corps, restent pour nombre de femmes des coquilles vides.
Le ministère des droits des femmes doit pouvoir disposer en 2013 d’un budget conséquent à la hauteur de ces enjeux. Et la liberté des femmes demande aussi des engagements transversaux. L’égalité ne peut être appréhendée comme une dépense, mais comme un investissement pour la société. Le comité interministériel est l’occasion d’impulser une dynamique transversale à toutes les politiques publiques, seule garante de l’effectivité des droits et libertés des femmes. Même en temps de crise, ne pas investir pour la liberté des femmes est un mauvais calcul économique. C’est à la fois subir les conséquences coûteuses en termes de précarité et de violences et c’est aussi considérer que le développement sociétal et économique pourrait se faire au détriment des femmes.
Les associations, rassemblées dans le collectif des Féministes en mouvements, assurent tous les jours des missions de service public : accès à la santé, accueil et accompagnement de femmes précaires et victimes de violences, sensibilisation des acteurs de la société… Nous ne pouvons accepter que le gouvernement actuel n’augmente pas les dotations et subventions déjà très insuffisantes ou mises à mal par le gouvernement précédent.
Promouvoir l’égalité et investir dans la liberté des femmes constituent un projet de société qui vaut pour toutes et tous. Le gouvernement se doit d’y souscrire et le comité interministériel de la fin octobre doit être un moment fort de réponse à ces exigences.
Des associations membres du collectif Féministes en Mouvements.
http://feministesenmouvements.wordpress.com/2012/10/05/333/
-